Ecologie Sociale

L'écologie sociale, un choix de société

L'IDEAl ancre son action dans le but de parvenir à une société fonctionnant selon les principes de l'écologie sociale, nous partageons ici la description de l'écologie sociale que l'on peut trouver sur le portail francophone de l'écologie sociale.

L’écologie sociale est une branche de l’écologie radicale, théorisé à l’origine par Murray Bookchin à partir des années 60. Elle cherche la mise en place d’une société écologique et décentralisée, sous la forme politique d’une confédération démocratique. Conscient que les problèmes écologiques découlent de problèmes sociaux, elle cherche à résoudre conjointement ces deux questions, notamment par la promotion de citoyennes et citoyens acteurs et gestionnaires de leur communauté.

L’écologie sociale est avant tout un projet de refonte de notre société. Elle revoit les fondements mêmes de nos institutions afin de les rendre plus écologiques, démocratiques, égalitaires et éthiques. Elle aspire à présenter une société avant tout libérée des dominations, guidée par la raison et basée sur des valeurs réconciliant la société avec la nature de même que l’être humain avec lui-même et sa nature propre. Une société qui dépasserait ce qui est pour tendre vers ce qui devrait être.

Les théories partent du lien fondamental entre problèmes écologiques et problèmes sociaux. La domination de la nature, responsable des problèmes actuels, découle selon l’écologie sociale de la domination de l’humain sur l’humain et ce n’est qu’en résolvant les deux conjointement que l’on parviendra à les résoudre. Cette théorie se veut humaniste et écologiste, c’est à dire qu’elle croît dans les capacités de raison de l’espèce humaine, qui doivent être retrouvées et développées, sur l’implication de ses choix sur la biosphère et donc son rôle à jouer dans la crise écologique. L’écologie sociale fait le projet d’amener chacun à retrouver sa capacité à agir, à diriger la société dans laquelle il vit, et non plus la subir passivement. Les hommes et les femmes, considérés comme capables et responsables, doivent reprendre en main la gestion de leur environnement local, de ce qui les concerne.

Au final, l’écologie sociale cherche l’établissement d’une société écologique, libre (c’est-à-dire ayant aboli les principes de hiérarchies et de dominations), rationnelle et organique (où chaque part à une place et forme un tout cohérent), consciente d’elle-même et de son action. Elle promeut l’idée de l’apport de la diversité, de cette « complexité » positive, qui apporte un gain réel à l’ensemble face à l’uniformisation et la simplification de nos cultures. On retrouve chez elle  des principes traditionnels tels que « à chacun selon ses besoins, de chacun selon ses moyens », de « l’unité dans la diversité » ainsi que de « l’égalité des inégaux ».

Une société d’écologie sociale s’articule autour des points suivants :

la décentralisation
L’écologie sociale prône un retour au local, à l’environnement naturel et social présent autour de soi. Elle propose une décentralisation à différents niveaux : géographique (retour au local) et politique (prise de décisions à partir du bas) principalement. Le lieu de vie et l’ensemble politique le plus proche de nous, nommé ici la commune, devrait rassembler les besoins élémentaires nécessaires à la vie de tous les jours (approvisionnement alimentaire, énergie, infrastructures scolaires, postales, etc.) plutôt qu’être centralisés dans des lieux uniques et de grande importance.  En revanche, les structures importantes (hôpitaux, universités, etc.) doivent être partagées pour un meilleur usage. Ce retour au local ne permet pas seulement de limiter les transports, il permet surtout une meilleure gestion (en raison de leur taille humaine) plus écologique (adaptée à l’environnement local et social du lieu). Avec l’avantage de disposer de personnes habitants et travaillant sur place. En revanche, il ne s’agit pas d’une recherche d’autonomie et les échanges (commerciaux, mais pas seulement) entre les communes doivent être maintenus et encouragés. Il y a derrière ce concept de décentralisation, de changer d’échelle, celui, primordial, de dissolution du pouvoir. En empêchant des structures économiques et politiques de se développer à grande échelle, elle assure un contrôle local sur celles-ci et empêche un groupe de dominer.

une démocratie directe et locale
Alors que la politique est devenue une profession, l’écologie sociale veut en refaire une préoccupation et gestion commune à tous. Elle promeut une société sans classe, mais de citoyens responsables de la gestion de leur commune. En lien avec la décentralisation, l’écologie sociale cherche l’établissement d’un système politique communautaire sous forme d’assemblées populaires (rattachés aux communes) fonctionnant selon un système de démocratie directe en face-à-face et liées entre elles en tant que confédération. Cette confédération communale, appelée « communalisme » ou « municipalisme libertaire », part ainsi du bas, avec différents échelons d’assemblées régionales. Aux assemblées régionales et plus larges sont envoyés des délégués des assemblées communales, révocables, avec un mandat impératif leur imposant de défendre la prise de position, à la majorité, de la commune sur les questions abordées.

une économie morale et municipalisée
Il faut un retour à une société humaine plutôt qu’à une société de marché. Aux velléités de croissance économiques, de la production pour la production et à la consommation détachée des besoins réels, l’écologie sociale prône une vision morale de l’économie, gérée par en assemblées populaires par les citoyens, avec une gestion des ressources à disposition pour apporter à chacun ce dont il a besoin pour une vie décente sans porter atteinte à la nature. Surtout, elle prône la suppression du luxe inutile, du marketing, de la bureaucratie, de tous les métiers dévoués uniquement à l’économie (gestion de fortune, traders, etc.). Epurer le monde économique du travail des dérives de la compétition et relier l’économie réelle aux besoins reels permettrait de libérer des ressources et de la force de travail pour diminuer les heures de travail de façon significative et apporter à chacun ce minimum vital nécessaire.

des éco-technologies libératrices
L’écologie sociale ne s’oppose pas au progrès technologique mais prône un développement moral de celui, soit une réappropriation par l’être humain du contrôle sur la technologie. Les techniques doivent sortir l’être humain de l’aliénation, servir à le libérer au lieu de le dominer et l’en rendre dépendant. Toute technologie doit être pensée en fonction de son impact sur la nature et la société en général. Surtout, les possibilités écologiques en matière de production (d’énergie notamment) doivent être développées, décentralisées pour permettre leur utilisation. La recherche doit aller dans ce sens, toujours en se posant la question éthique : Pourquoi le faire ? Quelles en sont les répercussions ?

une réhumanisation de l’être humain
L’être humain, dans l’optique de l’écologie sociale, doit retrouver une place dans la nature qui permette son développement et son bonheur au niveau psychologique, physique et social, sans porter atteinte à l’environnement. Le stress résultant de l’accélération de nos modes de vie doit être combattu, tout comme la soumission et la passivité résultant de la société de masse actuelle. A l’inverse, le temps libre, le développement personnel ainsi que l’implication dans son lieu de vie doit devenir une fin en soi.

une méthode pour le changement
Une des particularités de l’écologie sociale tient dans son projet de mise en place d’une telle société. Désirant changer en profondeur la société occidentale actuelle, en revoir les bases mêmes pour la construire sur des bases plus saines, elle s’affiche comme révolutionnaire. L’écologie sociale considère à cette fin que les institutions libératrices souhaitées doivent être mises en place avant que la chute du système ne soit provoquée, de façon à ce que la société qui en ressort ne soit pas livrée à elle-même, voire récupérée. Elle revoit donc le concept d’insurrection lié à la révolution pour celui d’une reconstruction de la société à l’intérieur de celle-ci, amenant des bases permettant de renverser, probablement symboliquement, le modèle de société dominant.

Appel pour des rencontres de l'après-capitalisme, séminaire d'écologie sociale

Le 18 mai 2017, l'IDEAl signe l'Appel pour des rencontres de l'après-capitalisme, séminaire d'écologie sociale lancé par l'AderOC. Nous relayons ici cet appel que vous pouvez trouver ici : http://www.objectiondecroissance.org/seminaire-ecologie-sociale/

Rencontres pour repenser et construire l´indispensable post-capitalisme

L´émergence puis le développement du principe de domination, imposé au monde au cours de l´histoire, culmine  aujourd´hui sous sa forme la plus agressive, rationnelle, et totalisante : Le Capitalisme et son appendice l´Etat Nation. Son essence compétitive, de croissance productiviste exponentielle, globalisante et aliénante par nature, ayant la valorisation de la valeur pour seul objectif, détruit à la fois la diversité des cultures humaines et celle de la nature. Elle a fini par envahir les sphères les plus intimes de notre être, phagocyter et détourner à son profit (Le Profit), toute notre créativité et notre capacité d´adaptation collective.

D´où notre difficulté à définir un nouvel horizon.

Toutefois,  cette constatation, loin de nous conduire au désespoir et à l´inhibition de l´action, nous permet de faire table rase de ces soi-disant “changements” politiques et économiques qui finissent toujours par désenchanter et nous amènent, malgré nous, à renouveler ce système de prédation.

Par contre, déceler dans les zones “non piétonnières” du Capitalisme  et au cœur même de ce dernier, les réelles oppositions à ce monde de destruction ainsi que les germes “vitaux” de résistance et d’expérimentation, nous fournit des bases de réflexion et d´action bien plus fiables et tangibles.

Apparaissent ainsi, dans les zones les plus délaissées, voire dévastées par le Capitalisme, par survie et-ou par refus de toutes formes de domination (patriarcat, ethnocentrisme, salariat, destruction des écosystèmes, etc…), de courageuses réalisations d´autogestion généralisée ; soit sur des bases d´organisation néo-traditionnelle comme au Chiapas, soit sur des bases politiques nouvelles, comme le Confédéralisme Démocratique au Rojava kurde. La liste n´est pas exhaustive et ne s´en remet qu´aux cas les plus connus.

Par ailleurs, au sein des zones “piétonnières” du Capitalisme, de plus en plus soumises aux pressions et destructions de ce dernier, répondent de nouvelles formes d´insoumission aux logiques dominantes,  échappant même aux formes traditionnelles de luttes (syndicats, partis politiques). De fait, c´est tout un éventail coloré d´initiatives innovatrices qui voient le jour, que ce soit dans les luttes (ZAD, contre les délogements, occupations, etc…) comme dans les alternatives sociales (Villes en transition, Coopératives Intégrales, Alternatiba, permaculture, Amaps, jardins urbains coopératifs, Circuits Courts, Coopératives ouvrières, habitats alternatifs, etc….)
Quant au domaine du politique, partant notamment du mouvement des Indignés, et en écho à certains penseurs visionnaires des dernières décennies, (Castoriadis, Bookchin, etc..) une ère nouvelle semble s´ouvrir, faisant fi des partis politiques institutionnels, et dans le sens d´un recentrage sur le local (autonomie, municipalisme…), sous des formes nouvelles de démocratie directe.

Ces activités loin de se constituer comme l´affaire de spécialistes ou de professionnels, indépendantes du social au quotidien, invitent bien au contraire, au partage du pouvoir, à la décision par tou-te-s du-des communs, comme des activités sociales. Non plus dans une perspective lucrative de vaines besognes, mais comme créations utiles, indispensables à la communauté afin de subvenir conjointement aux besoins et épanouissements individuels.

Cette conception du politique, enchâssé dans le social est désormais affaire de tout le monde. Elle se veut fédératrice des initiatives sociales, et ceci en donnant la parole à toutes ses actrices et ses acteurs.

Mais comment initier un courant ascendant communicatif, en réseaux, ici et maintenant, qui n´alimente plus les logiques représentatives institutionnalisées du politique, comme celles de la loi d´airain du marché et de son productivisme ?

Partant de ces pensées-actions en mouvement, peut-on envisager ce domaine émergent du politique, comme lieu d´échange, comme lien, comme levain, comme la main visible et solidaire donnant un sens, un but et une force à nos luttes et initiatives sociales alternatives,  localement, territorialement puis à plus long terme internationalement, comme l´ont suggéré bien des penseurs de l´Ecologie Sociale ?

C´est à cette réflexion que nous invitons toutes celles et ceux qui expérimentent et pensent ces initiatives innovantes comme fondatrices et fondamentales.

Car le propos de cette rencontre est bien de créer un espace de réflexion et de mise en commun afin de fonder et projeter un indispensable paradigme politique nouveau, crédible et palpable parce qu´alimenté par les réalisations concrètes interactives (politiques, sociales, culturelles), et d´ébaucher un indispensable et vital virage radical de notre société en vue de déboucher sur un monde nouveau, composé de mondes vivants, multiples et coopérants.

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